La première semaine avait toujours tendance à passer vite. C’était après que cela devenait de plus en plus dur, quand au bout d’un mois, il commençait à manquer de nourriture et que la terre était encore loin. Là, le temps semblait prendre un malin plaisir à se rallonger pour les faire souffrir. Ils n’étaient pas encore rendus là. Ils ne manquaient de rien, l’hygiène était plutôt bonne pour le moment : aucune maladie grave à signaler, aucune blessure à soigner. Tout allait pour le mieux. On s’occupait comme on pouvait à bord, en jouant aux cartes, en chantant, en dansant même ! Il n’y avait pas eu de navires à aborder. Ce qui fait que la première semaine avait été portée sous le signe du repos. Sergeï se montrait indulgent et laissait ses marins se reposer plus que de coutume, s’assurant simplement par le biais de son second que tous remplissait leur tâches convenablement.
Il s’avéra que le lendemain matin dès l’aube, un soleil ardent frappa le navire et le vent cessa de souffler. Ce soleil ne cessa pas durant les trois autres jours qui suivirent et les têtes pourtant aguerries commencèrent à en souffrir fortement. L’insolation les guettait tous et Sergeï autant que ses hommes en fût touché. De l’eau, ils en avaient pour des mois mais avec cette chaleur, ils auraient tout fait de tout boire, de tout épuisé en quelques jours, alors le Capitaine avait été obligé de rationné sous les grognements de ses marins qui mourraient de soif. Il accordait des rations supplémentaires simplement aux gabiers et surtout à Maëvanne qui était au plus proche du soleil.
Sergeï était devenu plus ferme, ne semblant démontrer aucune gêne pour l’accablement de l’astre brûlant sur leur peau. Ce n’était pas par fierté de sa part mais s’il s’écroulait devant ses hommes, il craignait qu’ils n’en fassent autant. Pourtant sa main qui se serrait sur la barre et son front ruisselant trahissait sa douleur à résister aux rayons ardents. Il n’aimait pas devoir à crier après ses hommes pour les remettre en selle, d’une part parce qu’il comprenait leur état et d’autre part parce que crier l’épuisait. La tombée de la nuit venait comme une libération et comme il faisait chaud dans le ventre du bateau, beaucoup de marins dormaient à même le pont. Sergeï s'était assis dans un coin vide, ne trouvant pas le sommeil avec ses migraines, il porta sa ration d'eau à sa bouche pour tenter de se réhydrater. L'eau coula sur ses lèvres gersées et desséchées, venant rafraîchir son corps en glissant sous sa chemise humide de sueur.