Emilia avait été informé par la gérante du Caveau qu'un courrier lui avait été adressé. Par souci de confidentialité et pour garder le peu d'intimité que les filles avaient encore pour leur petits secrets, la lettre avait été gardé dans le bureau de la directrice, dans une petite boîte où la jeune Emilia pouvait aller la récupérer dès qu'elle le souhaiterait.
La lettre avait visiblement beaucoup voyagé et l'on devinait à travers le papier abîmé dont le coin était déchiré, une signature à côté de laquelle était habilement griffonée une rose.
Ma chère Emilia,
Je suis aux portes de l’Enfer depuis des mois. La houle ne porte guère le bateau jusqu’à la destination promise et les caresses du vent se sont éteintes dans le néant. Nous commençons à manquer cruellement de tout et mon cœur, depuis notre départ de l’île de la Perdition manque cruellement de toi. Ton corps est un délice dont il m’est difficile de me passer. Je songe encore à ta chevelure de feu, à tes courbes lumineuses, à tes jambes parfaites, à la douceur de ta peau, à ton sourire catin… Des nuits entières, je rêve que mes mains t’effleurent, que nos corps se nouent encore dans des danses innommables.
Dans un mois je l’espère, nous parviendrons jusqu’à l’archipel où nous pourrons nous ravitailler mais je ne rêve que d’une chose revenir dans tes bras. Je me suis ancré à ton port et ma boussole n’indique plus que ta direction. Il me faudra encore patienter de longs mois avant de te revoir et j’ignore si tu te seras lassé d’un homme parmi tant d’autres.
L’aube se lève, étirant ses tisons ardents sur le navire. Aujourd’hui est un autre jour mais il ne sera pas le dernier pour le capitaine de la Rose Blanche.
Ton Capitaine,
Sergeï